Ma pratique artistique s’est toujours articulée autour de la notion de Paysage.

Je marche plusieurs heures par jour dans la nature environnante.

Durant la marche, je constate que chaque élément joue son rôle (eau, terre, lumière, vent…) ;
dans un rapport d’harmonie qui crée ce qu’on pourrait appeler le paysage.

M’est alors apparue la sensation de pouvoir rendre compte de la nature par ses propres ressources,
originer la création dans le processus, sortir du sujet.
Ne plus représenter mais présenter des formes s’identifiant aux forces qui les génèrent.

Délaisser mes outils, minimiser mes actes de créations afin de s’appuyer sur les lois de la nature
pour générer des formes plus complexes que mon esprit avait imaginées, mais que mes mains n’arrivaient pas à fabriquer.

Retranscrire dans un langage sensible et évocateur le phénomène naturel.

Je cherche à être d’intelligence avec la matière, dans un rapport de sensualité.

Ne pas la soumettre ni y être soumis. Lui venir en aide, dans un apport que je qualifierais de minime et respectueux.
Nous partageons le travail, sans brutalité ni rapport de force.

Travail technico-processuel, la création est souvent issue d’une série limitée de gestes simples :
pliage, froissage, moulage, coulure…

La forme se définit dans les hasards de la matière.

La création tire ainsi ses effets les plus surprenants de matières simples (soit récupérées soit prélevées directement
dans l’environnement naturel dans lequel je travaille).

Le papier ancien se plie et se déplie, l’argile travaille dans des mondes troubles, l’eau libère des lueurs mouillées,
des traces de lavis constellent l’étendue, le tissu révèle ses reflets dans ses plis.
Ne pas suivre l’idée, mais chercher, cheminer à travers toutes sortes d’aventures, tenter sa chance.

La matière devient autonome après avoir reçu la juste impulsion sur le support pour se répandre
à sa surface, se laisser absorber et finir son chemin à force de déploiement.

L’œuvre pourrait alors être vue comme un organisme se construisant lui-même.

L’émerveillement placé au point final de la création, l’œuvre devient alors une réponse inattendue
à un processus ordonné.

Un lieu de rencontre entre des forces et des matières.